"La blessure est l'endroit par lequel la lumière entre en vous" DJALÂL AL-DÎN RÛMI
Lorsqu’un drame saisit une communauté, se posent plusieurs questions : comment cela a-t-il pu arriver, comment sanctionner, comment réparer ? Ces questions sont d’autant plus épineuses lorsque les protagonistes sont des enfants.
La violence en milieu scolaire est malheureusement monnaie courante de nos jours ; dès lors, une autre question surgit, celle de la prévention.
J’ai eu la chance de pouvoir participer à un cercle de réflexion à ce sujet. Le débat d’emblée posé sous un climat de respect et de bienveillance, réunissant enfants (sauf ceux qui étaient concernés, car l’émotion était encore trop forte de part et d’autre), personnel encadrant et parents, était animé par une personne externe.
Ce qui m’a particulièrement frappée lors des échanges c’est l’empathie qui émergeait de chaque individu pour les autres. Les parents des enfants responsables de l’agression n’avaient ni un statut de coupable ni de victime, les parents de l’enfant agressé de même, le personnel n’était pas non plus stigmatisé et cette magnifique humanité a permis une parole libre.
Ensemble, nous avons tenté de répondre aux questions évoquées ci-dessus et d’apporter des solutions.
Comment cela a-t-il pu arriver [1] ? Comment le personnel n’a-t-il pas vu ce qui se passait ? Comment les parents n’ont-ils pas entendu les plaintes de leurs enfants ? Comment les enfants eux-mêmes sont-ils restés dans le silence ou ne se sont-ils pas fait entendre ? Chacun a endossé sa part de responsabilité (et non culpabilité !), des pistes ont été lancées parmi lesquelles la présence de parents bénévoles avec un système de planning (afin de favoriser l’écoute et la disponibilité pour déceler le mal-être des uns et des autres), des séances de sensibilisation à la violence et au harcèlement, des ateliers divers (théâtre forum, méditation…) et sont progressivement mises en place dans un esprit d’entraide et de vivre ensemble.
Comment sanctionner ? S’il faut que les jeunes prennent conscience des conséquences de leurs actes, rien n’est moins sûr qu’une sanction d’exclusion soit la bonne méthode. Tout comme l’incarcération a pour but premier selon moi de prémunir la société des actes déviants de certaines personnes, la privation de liberté n’est certainement pas une manière de faire prendre conscience à un être humain la gravité de porter atteinte à un autre être humain. Les débats se sont orientés vers la question de savoir si la prise de conscience ne pouvait pas être liée au processus de réparation. Il est d’ailleurs ressorti des échanges que plusieurs des agresseurs avaient eux-mêmes été victimes de harcèlement auparavant. A mon sens, on peut faire un parallèle avec les victimes de parents violents qui quand bien même ils ont profondément souffert pendant leur enfance reproduisent cette violence sur leurs propres enfants. On mesure dès lors l’importance du processus de réparation pour la victime.
Finalement, nous avons abordé la question de la réparation. Des pistes autour des jeux de rôle, du théâtre-forum ont été évoquées. Mais cette question est sans nul doute personnelle à chaque individu ayant subi l’agression (qu’elle soit physique ou verbale). Lors d’une consultation avec un thérapeute, la personne pourra dans la mesure de ses possibilités, en toute sécurité, dans l’espace d'accueil et de bien-être créé par le thérapeute, exprimer son vécu. Si ce n’est pas possible, le recours à des techniques alternatives (respiration, cohérence cardiaque, méditation, Theta Healing™, Reiki Usui, Fleurs de Bach, aromathérapie) permettront à la personne de retrouver une certaine quiétude qui lui permette de se dire. En effet, les émotions non exprimées vont rester bloquées dans les cellules corporelles (en plus de se loger dans l’inconscient) et dérégler profondément et sur le long terme l’équilibre de la personne. La présence aimante et chaleureuse et l’absence de jugement de l’entourage sont aussi cruciales pour un processus de réparation efficace dans lequel la personne se sent écoutée et comprise.
La réparation évoque aussi pour moi l’art du Kintsugi, ou comment transformer ses cicatrices et ses fêlures en forces et les porter fièrement car elles font partie de nous. Prendre appui sur ce qui nous a meurtri, pour en sortir grandi, ouvert à l’autre, empli de lumière.
[1] Il s’agit d’un “jeu” qui sévit dans les cours des lycées et collèges. L’article ici date de 2018 mais la pratique est malheureusement toujours d’actualité. https://www.ouest-france.fr/grand-est/meurthe-et-moselle/jeu-de-l-olive-un-lyceen-condamne-pour-violences-35-heures-de-travail-d-interet-general-5514885